Page 4 - « Ville-d'Orléans » - Ballon Monté
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Le périple
Après avoir sillonné l'espace ténébreux pendant toute une longue nuit d'hiver, ROLIER et son
compagnon de voyage atteignent enfin l'heure du lever du soleil. Ce roulement persistant entendu
durant toute la nuit est identifié, c'est la mer, l'immensité de celle-ci se révèle à perte de vue ! Leur
boussole leur indique la direction du Nord. Après plusieurs heures consécutives, ces malheureux,
gelés de froid, regardant fixement la vaste étendue des flots aperçoivent une goélette. Ils lui font des
signaux et celle-ci manœuvre pour se placer dans leur sillage. Se rapprochant dangereusement des
flots et emporté par la vitesse prodigieuse des vents, ROLIER comprend qu'ils ne pourront être
sauvés par ce bateau. Afin d'alléger le ballon, ils doivent se délester d'un sac de courrier afin de
reprendre de l'altitude.
Vers 14:20 hrs, le pilote aperçoit la cime d'un sapin. Enfin la terre ! ROLIER tire la corde de la
soupape et les deux compagnons s'apprêtent à sauter. Arrivé au sol, nos deux aventuriers voient leur
aérostat reprendre de l'altitude et disparaître.
Des heures de marche dans la neige, transis de froid et tiraillés par la faim, une nuit à l'abri d'une
cabane abandonnée et enfin des traces, signe de vie, l'espoir renaît.
Recueillis par deux hommes, ils comprennent qu'ils sont en Norvège. Conduits à la ville de
Christiana, ils ont la surprise d'y retrouver leur transport, son contenu intact et leurs six pigeons ;
c'est à plus de 100 kilomètres de l'endroit où ils l'ont quitté que le « Ville-d'Orléans » s'est posé,
près d'une ferme à Tunet.
Le sac de dépêches jeté à la mer fut aperçu par l'équipage du navire et repêché. Il est remis par le
capitaine à l'agent consulaire à Mandal. Tout le courrier est sauvé.
Signalons que les sacs ont été réexpédiés de Norvège sans avoir été ouverts. En conséquence,
aucun cachet norvégien ne figure sur les correspondances qui en proviennent.
Les pigeongrammes
Nombreux sont les ballons qui avaient des pigeons à leur bord. Ces volatiles furent les seuls
messagers efficaces de transport d'informations de la province vers Paris durant le siège.
Les télégrammes destinés à Paris étaient centralisés à Tours. Ils étaient condensés une première fois
par typographie et assemblés tels les colonnes d'un journal. Puis
ils étaient photographiés et microfilmés.
Un seul pigeon peut transporter environ 20 pellicules dans de petits
tubes fixés à la plume maîtresse de la queue soit 15 000 messages
privés ou l'équivalent de 500 pages de dépêches officielles.
A l'arrivée, les courriers étaient amplifiés à l'aide de microscopes
électriques, recopiés et expédiés aux destinataires.
115.000 dépêches officielles et plus d'un million de
correspondances privées auraient ainsi été aéropostées.
Beaucoup de pigeons ne revinrent jamais, égarés par les
intempéries, victimes de faucons amenés par les Prussiens ou tués
par les chasseurs.
Sur 363 pigeons emportés de Paris, il n'en rentra que 57.